Comment expliquez-vous cette différence de compatibilité entre ehna et so ?
• [brown]Ehna [/brown] indique le pluriel pour les êtres animés (les humains, les animaux), à l’exclusion des entités inanimées telles que les objets, les arbres, etc.
[brown]ehna morow[/brown] ’les enfants’
[brown]ehna titew[/brown] ’les poules’
[brown]ehna wai[/brown] ’les poissons’
mais *[brown]ehna len[/brown] est impossible pour traduire ’les routes’
• [brown]So [/brown] exprime aussi le pluriel, mais cette fois pour les entités inanimées.
[brown]so len[/brown] ’les routes’
[brown]so ruac[/brown] ’les travaux’
[brown]so ete[/brown] ’les cailloux, les pierres’
On utilisera [brown]so[/brown] pour les animaux morts. Comparez :
Akakani lo ore ehna titew. |
Donne à manger aux poules. |
Ajoni lu ore so titew. |
Cuits les poulets. |
D’autres déterminants comme [brown]ehna[/brown] ou [brown]so[/brown] apportent des indications quantitatives, associées parfois à des nuances sémantiques particulières. Nous les appelons des quantifieurs.
• La séquence NUMERAL [brown]ko[/brown] X exprime un quantité précise. Il s’agit en fait d’une proposition où le numéral ([brown]sa [/brown] ’un’,[brown] rewe [/brown] ’deux’, [brown]tini [/brown] ’trois’, etc.) occupe la fonction prédicative et X est en fonction sujet : [brown]sa ko[/brown] X, ’un X’, [brown]rewe ko[/brown] X ’deux X’, [brown]tini ko[/brown] X ’trois X’, etc.
Bone hna it’icon sa ko waud ka inu hna it’icon tini ko wanu. |
Il a acheté un taro et j’ai acheté trois cocos. |
Plus particulièrement, [brown]sa ko[/brown] X exprime la singularité quantitative (être un et pas davantage) et il convient de le distinguer de[brown] se [/brown] X (voir plus haut). Ainsi la séquence ’Une personne est venue’ se traduira de deux façons différentes selon la nuance qui l’emporte :
Hna p’ina ko se ngom. |
Une personne (dont on n’a pas encore parlée) est venue. |
Hna p’ina sa ko ngom. |
Une personne (une seule et pas davantage) est venue. |
En fonction sujet postposé, il n’y a pas de marque sujet devant NUMERAL [brown]ko[/brown] X :
Sa ko ngom hna t’ango. |
Une (seule) personne est morte. |
Hna t’ango sa ko ngom. |
Une (seule) personne est morte. |
• [brown]Ta[/brown] X désigne un sous-ensemble de X comparativement à d’autres sous-ensembles. La valeur de comparaison ressort implicitement de l’emploi de [brown]ta[/brown], surtout si le groupe désigné est associé à une propriété distinctive. [brown]Ta [/brown] s’emploie aussi bien avec les êtres animées que les entités inanimées.
Ta si Nengone thu ruac. |
Les gens de Maré sont travailleurs. (sous-entendu, ceux des autres îles ne sont pas aussi travailleurs qu’eux.) |
Buic ci eran ore ta lan me k’ariroi. |
Ils chantent les belles mélodies. (sous-entendu, ils ne chantent pas celles qui sont moins jolies) |
Ome ta eleda ni moc’enew. |
Ceux-ci sont des jeux de fille. (sous-entendu, et pas de garçon) |
• [brown]Nodei[/brown] X réfère à l’extension de la classe des X, c’est-à-dire, à toutes les occurrences de X, mais avec une marge possible d’exceptions.
Ore nodei waia ha ded. |
(Tous) les oiseaux se sont envolés. |
Pour sélectionner toutes les occurrences sans aucune exception, on ajoute [brown]ileoden [/brown] :[brown] nodei X ileoden [/brown] ou [brown]ileoden ore nodei [/brown] X ’tous les X sans exception’.
Ileoden ore nodei waia ha ded. |
Tous les oiseaux sans exception se sont envolés. |
De manière plus générale, [brown]ileoden [/brown] permet d’exprimer la totalisation :
Ehnij hna kodraruon ileoden ore gato. |
Nous avons mangé tout le gâteau. |
Ehnij hna kodraruon ileoden ore so gato. |
Nous avons mangé tous les gâteaux. |
• [brown]Rue[/brown], qui vient de [brown]rewe [/brown] ’deux’, exprime le duel, la paire ou le couple :
Rue mohma ci nengoc du rue Riko. |
Les deux vieux parlent à Riko et son épouse. |
|