L’arrivée de l’écriture

À l’exception notable du rongorongo, un système de glyphes de l’île de Pâques qui n’est toujours pas déchiffré et dont on ne sait pas encore s’il s’agit d’une écriture ou d’une proto-écriture, il n’existait pas en Océanie de traditions d’écriture en langues locales avant l’arrivée des Occidentaux. L’écriture a été introduite par les missionnaires en Nouvelle-Calédonie vers le milieu du 19e siècle, plus particulièrement par ceux de la London Missionary Society (LMS). La LMS, qui eut une intense activité d’évangélisation et d’alphabétisation en langues vernaculaires dans l’ensemble du Pacifique, s’est établie d’abord à Tahiti et le tahitien est la première langue océanienne dans laquelle la Bible a été intégralement traduite et publiée en 1838.

La première langue calédonienne écrite est probablement le nââ numèè, une langue de l’extrême sud de la Grande Terre, dans laquelle Ta’unga, catéchiste de la LMS originaire de Rarotonga ayant séjourné de 1842 à 1845 à Touaourou, a publié en 1847 un extrait des écritures. La même année paraissait le premier texte écrit en nengone, un opuscule religieux de 12 pages, œuvre du même Ta’unga, après un séjour à Maré de mai 1845 à septembre 1846 (Dauphiné, 1989). À partir de 1852, les publications religieuses en nengone se multiplièrent. Les premiers livres de la Bible, de la Genèse jusqu’au Livre de Josué, furent traduits en 1897. En 1903 parut l’intégralité de la Bible en nengone (Bearune, 2012).

Un rapport du délégué L. de Salins, en date du 24 janvier 1885, adressé au gouverneur Le Bouchet, signale que « toute la population qui n’a pas dépassé 27 ans sait lire et écrire le maréen. Il faut être de mauvaise foi pour nier les résultats obtenus par les pasteurs anglais » (cité par Leenhardt, 1980).

Les archives territoriales de la Nouvelle-Calédonie disposent de nombreuses lettres manuscrites en nengone notamment, dont les premières ont été écrites en 1897. Rédigées par des nata, des pasteurs loyaltiens envoyés sur la Grande Terre lors de leurs missions d’Évangélisation, elles se présentent sous la forme de correspondances régulières adressées aux retok, les supérieurs hiérarchiques. Elles relatent principalement la progression de la tâche d’évangélisation, les difficultés rencontrées, etc. Aujourd’hui numérisées, ces lettres peuvent être consultées au service des archives.



 

L’identité

La particule interrogative[brown] la [/brown] permet d’interroger sur l’identité de quelqu’un. Il correspond à l’interrogatif ‘qui ?’ permettant de savoir de qui il s’agit. Il permet de savoir le nom de quelqu’un, le statut social d’untel ou encore de situer l’individu dont on parle par rapport aux autres. À la question [brown]La ke bo ?[/brown] ‘Qui es-tu ?’, on peut répondre par « Je suis untel » ou « Je suis le fils d’untel » ou encore « Je viens de tel endroit », etc.

Pour plus de précision, si l’on veut savoir spécifiquement le prénom de quelqu’un, on pose la question suivante :[brown] La kore yele ni bo ?[/brown] ‘Quel est ton nom ?’
Mais en fait, il n’est pas poli de demander directement son nom à quelqu’un, surtout s’il s’agit d’un aîné. On se renseigne plutôt auprès d’une tierce personne. En revanche, on se situe toujours par rapport à une personne que l’on connaît en commun (on rappelle les liens de parenté qu’on a avec son interlocuteur ou d’alliance par rapport à son clan). Pour se présenter, on ne dit pas ce qu’on fait dans la vie (son métier), mais l’on dit plutôt d’où on est.




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