La fonction sujet
Observez et comparez les exemples ci-dessous. |
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Essayez d’identifier le sujet dans chaque phrase en nengone comparativement au français (ci ou ha ne sont pas des pronoms, mais des particules qui apportent des informations sur la temporalité). Quelle conclusion pouvez-vous en tirer sur la fonction sujet en nengone ?
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Réponse |
En français, sauf exception, les énoncés déclaratifs simples comportent au moins deux constituants obligatoires : le sujet et le prédicat.
Le garçon |
<s’est endormi>. |
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Il |
<s’est endormi>. |
Sujet |
Predicat |
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Sujet |
Predicat |
La séquence *S’est endormi seule est impossible.
En nengone, ce que nous percevons intuitivement comme le sujet peut être effacé :
Waicahman |
<ha thaet>. |
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<Ha thaet>. |
Sujet |
Predicat |
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Predicat |
Il n’y a pas de pronom de troisième personne dans la phrase nengone ci-dessus, alors que la traduction française comporte un il obligatoire. De même, dans Il pleut, la contrainte grammaticale du sujet obligatoire impose en français la présence d’un pronom sujet il impersonnel, alors qu’en nengone, on dira :
<[brown]Ci el[/brown]>. |
(Il) pleut. |
En revanche, il est impossible de dire : *[brown]Bone ci el.[/brown]
Retenez donc qu’en nengone, seul le prédicat est un constituant obligatoire de la phrase déclarative simple. Le sujet est facultatif. Avec les verbes qui réfèrent à un événement qui implique un ou plusieurs participants, le sujet peut être omis si sa présence n’est pas indispensable à la compréhension. Avec les verbes impersonnels (par exemple, les verbes météorologiques), il n’y a pas de sujet exprimé.
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Le genre grammatical
Comparez la phrase nengone ci-dessous à ces deux traductions possibles en français : |
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’Il est un bon enseignant’ ou ‘Elle est une bonne enseignante.’ |
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Que pouvez en conclure sur le genre en nengone ?
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Réponse |
Comme dans la plupart des langues océaniennes, il n’y a pas de genre grammatical en nengone. On n’oppose pas de formes masculines à des formes féminines, aussi bien pour les pronoms que pour les noms, les déterminants et les adjectifs.
Bone ci hue i cele. |
Il/elle va à la mer. |
Inu ci ule ore waicahman. |
Je regarde le garçon. |
Inu ci ule ore wac’enew. |
Je regarde la fille. |
Riko nacayeno. |
Riko est enseignant. |
Maria nacayeno. |
Maria est enseignante. |
Waicahman hma. |
Le garçon est grand. |
Wac’enew hma. |
La fille est grande. |
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Le genre grammatical et le sexe
En français, la forme des adjectifs, des déterminants et parfois des noms varient selon qu’ils sont masculins ou féminins (comparez par exemple un boulanger souriant et une boulangère souriante). Il s’agit de l’expression du genre grammatical. Il n’y a pas de genre grammatical dans la plupart des langues océaniennes, ce qui est un avantage majeur en matière d’apprentissage car cela réduit considérablement les phénomènes de variation (régulière ou irrégulière) de la forme des mots et donc les risques d’erreur. À titre comparatif, le genre est résiduel en anglais où il s’exprime avec les pronoms he (masculin), she (féminin) et it (neutre), et dans certains noms (par exemple : master « maître » et mistress « maîtresse »), mais il n’affecte ni la forme des déterminants, ni celle des adjectifs. Par exemple, a smiling baker peut être traduit, selon le contexte, par « un boulanger souriant » ou par « une boulangère souriante ». L’absence de genre grammatical n’empêche évidemment pas que l’on puisse préciser le sexe des êtres si cela s’avère nécessaire. En nengone, on a recours pour cela aux termes cahman et hmenew :
hōs cahman |
étalon |
hōs hmenew |
jument |
yeon cahman |
papayer mâle |
yeon hmenew |
papayer femelle |
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Le sujet devenu obligatoire en français
En latin, langue mère du français, le sujet pronominal n’était pas obligatoire en l’absence d’un autre sujet syntaxique : Amo, amas, amat « J’aime, tu aimes, il aime ». Son emploi était même impossible dans le cas des verbes impersonnels : Pluit « Il pleut ». L’indication de la personne était en fait portée par la terminaison verbale, qui s’entendait à l’oral.
Les pronoms personnels sujets étaient également facultatifs en ancien français car la terminaison verbale était encore distinctive à l’oral :
Baisset |
sun |
chef |
(La Chanson de Roland, 12ème siècle) |
baisse-3SING |
sa |
tête |
« Il baisse la tête. »
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Ils sont progressivement devenus obligatoires en l’absence d’un autre sujet syntaxique lorsque la terminaison verbale n’a plus permis de distinguer les personnes à l’oral. Ils demeurent facultatifs en espagnol et en italien, car la terminaison verbale dans ces deux autres langues filles du latin continue de faire entendre la personne. |
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